Marjorie Danna : attention, personne à haut potentiel positif

par Sophie Mayeux

Passer un moment avec Marjorie, c’est faire une cure de pensée positive, et ça devrait être prescrit plus souvent ! Marjorie est une femme authentique, sereine et pétillante. Nous nous installons pour l’entretien dans le cocon de fauteuils et de coussins, un thé chauffe dans notre tasse. Ses yeux rieurs m’observent derrière ses lunettes et m’enveloppent d’une chaleur empathique. Je donne le top départ. Marjorie commence à dérouler le fil de son histoire. Elle parle doucement, mais avec détermination. Alors je me laisse flotter tranquillement sur la mer de ses mots, joyeusement agitée par des petites vagues malicieuses qui m’éclaboussent de leur gaieté.

Des défis pour se mettre en action

J’ai connu Marjorie grâce aux défis qu’elle se lançait sur Facebook. Elle a créé en 2015 une page au nom qui m’a tout de suite attirée, 180 défis positifs. 1 défi par jour, soit 6 mois de défis positifs. Quelle énergie pour oser, quotidiennement, se mettre en scène et surtout agir. « Je m’étais procuré des boîtes de défis à thème : le bonheur, la forme, le bien-être… J’avais mélangé toutes les cartes et chaque jour, j’en tirais une au hasard. Je me filmais en train de choisir la carte et je découvrais en direct mon défi du jour, » m’explique Marjorie. Et, il lui fallait bien ensuite relever le défi, puisqu’il avait été annoncé publiquement. Une manière malicieuse de se mettre en action ! Un jour, Marjorie tire un défi sur la reprise du sport. Elle demande à la petite communauté qui la suit sur Facebook quel pourrait être le défi associé. Une Belge lui lance l’idée du OXFAM Trail Walker, marcher 100 km en moins de 30 heures. « C’est un défi qui rassemblait tout ce qui m’anime : le solidaire – il fallait collecter 1500 euros de dons pour OXFAM, association de solidarité internationale qui agit sur la pauvreté et les injustices -, l’équipe – l’épreuve se faisait en équipe et il fallait réunir une équipe de supporters. J’ai réussi les 100 km à ma deuxième participation. Lors de la première, je n’ai fait que 71 km. On se rend compte que finalement tout est possible ! »

Marjorie se lance ensuite le défi 21 jours en robe et en jupe. « J’avais envie de me reconnecter à ma féminité, explique Marjorie. Grâce à ce défi, j’ai fait du tri dans mon armoire, j’ai réalisé que j’avais des robes et des jupes que je ne mettais plus. J’en ai racheté quelques nouvelles. Mais surtout, en m’habillant différemment, je me suis aperçue que j’avais perdu 12 kg suite à ma marche de 100 km, que j’étais mâture et féminine aussi. Cette prise de conscience m’a redonné confiance en moi. Je me suis dit, – Mais pourquoi ne pas proposer mes prestations en entreprise ? – ce que je n’aurais jamais oser faire avant. C’est ainsi que je me suis autorisée à avoir l’idée de notre entreprise Happy&Cie

Rien n’arrête Marjorie qui a besoin de défis extrêmes. Son défi actuel ? Courir le marathon. « Je suis contente, je viens de trouver mon coach sportif ! Je me suis mise à la course à pied. Je me rends compte que lorsque je cours, je suis plus en forme, plus joyeuse. Je n’ai pas encore réussi à instaurer ce moment d’entraînement en rituel bien-être, c’est la prochaine étape. »

Pour Marjorie, « il n’y a pas de défis à la con. On en retire toujours quelque chose. Ce n’est pas tant le défi en lui-même qui est important, mais tout le processus mis en oeuvre pour le relever, les rencontres qu’il a permises, et surtout, la prise de conscience de toutes les ressources que l’on est capable de mobiliser. »

Le burn out comme déclencheur de positivité

Marjorie a-t-elle toujours été positive ? Comment atteint-on ce degré de positivité ? J’aimerais bien avoir la recette !

Marjorie m’explique qu’elle était une enfant très gaie, elle aimait être en groupe, c’était toujours elle qui organisait les pyjamas parties, les soirées d’anniversaire de la famille et des amis. Marjorie pratiquait la natation, ses parents étaient investis dans le club, elle les voyait toujours y organiser mille choses, et elle adorait participer aux stages. « Je pense que faire des choses ensemble a toujours été en moi, c’était un besoin, et je n’en ai pas eu conscience pendant 38 ans. » Marjorie a 3 enfants, et elle avait décidé d’être mère au foyer, sans pour autant rester socialement inactive. Elle s’est bien sûr engagée dans les associations de parents d’élèves de l’école, elle organisait des barbecues entre voisins jusqu’à 200 convives. Mais à la naissance de son troisième enfant, elle a ressenti que la société posait un regard négatif sur elle. « C’était comme si on me disait – Elle a trois enfants, elle n’est bonne qu’à ça. J’avais l’impression de ne pas exister, d’être inutile, de ne pas être reconnue. J’étais classée par la société comme inactive. J’ai alors eu envie de travailler. J’avais un BTS Tourisme et une Licence Science de l’Education, j’ai cherché un travail à mi-temps, et j’ai répondu à une annonce pour un poste à l’accueil dans un laboratoire de recherche qui dépendait du CNRS. La personne qui m’a reçue a relevé toutes les compétences que j’avais développées dans mes diverses activités sociales précédentes et m’a finalement proposé un poste dans un bureau. Je suis montée dans les étages ! » Marjorie avait soif d’apprendre, elle a été accueillie comme dans une famille. Polyvalente, elle a fait du classement, de la communication, de l’administratif, du financier, le travail était riche et varié. « J’aime quand ce n’est pas tous les jours pareil ! » Le professeur qui avait recruté Marjorie part alors créer un nouvel institut de recherche. Il embarque Marjorie dans son aventure comme assistante. « Nous formions un excellent binôme. C’était un très bon manager : il m’a donné du cadre, de l’autonomie, il savait dire lorsque c’était bien, j’ai pu développer mes qualités en organisation et communication. Mais il est parti à la retraite. Et un nouveau directeur a été nommé. » A partir de cet instant, tout change pour Marjorie qui se retrouve seule, jeune, femme dans une équipe très masculine, sans cadre ni objectif. Elle se débat, travaille toujours plus durement pour tenter de satisfaire la nouvelle direction. Elle se fatigue, lance des alertes et puis un jour d’automne 2007, elle tombe. « De retour de vacances de la Toussaint, je vais en voiture au travail, je m’engage sur le rond point qui doit me mener au parking du bureau, et je tourne sur le rond point, je tourne, pour finalement prendre la sortie qui me ramène chez moi. Je m’arrête une semaine pour recharger mes batteries, mais cela ne suffit pas. J’ai des idées noires, le médecin diagnostique une surcharge de travail et un surmenage psychologique. Je vais finalement rester 1 an en arrêt longue maladie plus 6 mois en mi-temps thérapeutique. »

Que ressent-on quand on fait un burn out ? Plus rien. Marjorie m’explique que tous les compteurs de son corps, de son esprit étaient à 0. Elle ne ressentait plus d’émotions, plus de sensations, elle n’avait plus de désirs, de besoins intellectuels, il lui était très difficile de lire, de se concentrer. Marjorie me décrit son état général d’alors avec une image forte, celle d’une maison toute jolie de l’extérieur, mais toute brûlée à l’intérieur. Marjorie suit un accompagnement médical et lorsqu’on lui parle de réintégrer son poste, elle s’en sent tout simplement incapable, complètement abandonnée par la direction qui ne lui avait jamais envoyé quelque signe que ce soit. Elle demande à revenir travailler dans le laboratoire dans lequel elle s’était si pleinement épanouie. Là, elle se sent plus en sécurité, plus écoutée. Elle raconte alors au DAF et au DRH son histoire et se rend compte qu’ils n’avaient pas eu connaissance que son état de santé était dû à un épuisement professionnel.

Pendant sa reconstruction, Marjorie part à la découverte d’elle-même, apprend à se connaître, à être consciente de ses besoins, à déterminer ce qui lui plaît. Avec Jacques Salomé, elle découvre la méthode ESPERE et l’outil de l’écharpe relationnelle qui permet de prendre conscience de notre responsabilité dans nos relations. L’écharpe nous aide à mieux nous positionner dans cette relation. Chaque relation est unique, car nous n’avons pas la même relation avec notre conjoint, nos enfants, notre directeur. L’écharpe relationnelle permet de matérialiser ce lien invisible, de le faire fonctionner au mieux notamment par des demandes très concrètes les uns envers les autres. « Mais pourquoi ne m’a-t-on pas appris cela pendant toute mon éducation ? » se demande-t-elle. De mon côté, je comprends le principe, je bois une gorgée de thé, mais concrètement, ça donne quoi ? Marjorie m’explique tranquillement. « A l’époque de mon burn out, je n’étais pas consciente de mes besoins, de mes envies. Et comme le directeur avec qui je travaillais ne me donnait aucun signe de reconnaissance, c’était comme si je n’existais pas. Lorsque tu sombres dans un burn out, c’est en général parce que tu travailles contre ou sans tes propres valeurs. Et la surcharge de travail en est la conséquence. Mais aujourd’hui je peux dire que j’étais aussi responsable de cette situation, car en travaillant ainsi dans cet environnement, je ne prenais pas soin de mes besoins. J’aurais pu dire stop, quitter le navire plutôt que d’attendre que l’autre le fasse pour moi. »

Elle a envie de transmettre cela aux enfants et aux acteurs éducatifs qu’ils soient enseignants, parents ou éducateurs, pour leur apprendre à mieux vivre ensemble et à être à l’écoute tant d’eux-mêmes que des uns et des autres. « J’ai présenté au laboratoire dans lequel je travaillais mon projet et ils m’ont proposé une mission me permettant de le développer en parallèle. J’ai pris un congé formation, j’ai passé un DUCERH (Diplôme Universitaire de Compétences En Relations Humaines) à Lille 1 pour développer mes compétences en théorie de la transmission des connaissances et savoir être plus à l’écoute. Puis je me suis mise en disponibilité pour création d’entreprise. En 2009 j’ai créé l’association COM&CIT’ (pour Communication et Citoyenneté). » Depuis 2012, COM&CIT’ Apprendre à vivre ensemble est une auto-entreprise qui traite de sujets autour de la parentalité, de l’éducation positive et de la communication bienveillante. Marjorie accompagne les acteurs éducatifs et les parents pour une meilleure communication avec les enfants.

En route vers le bonheur

Toujours en quête d’apprentissage, Marjorie s’inscrit en 2012 à une formation ZenPro à Montpellier dispensée par Cécile Neuville et Anelor Dabo. Ces dernières avaient développé des formations courtes en psychologie positive. Marjorie suit toutes leurs formations, s’informe des découvertes de l’impact des neurosciences sur la psychologie positive et enrichit de tout cela ses ateliers parentalité. Elle constate des retours très positifs de la part de participants qui lui confient avoir mis en oeuvre ses outils non seulement au sein de leur cellule familiale, mais aussi de leur environnement professionnel. Tous ont exprimé le fait que cela avait changé leur manière de manager et l’ont encouragée à venir les voir en entreprise. La petite graine de Happy&Cie était semée, il ne lui manquait plus que de germer.

« J’ai rencontré Pascale Gabert-Zamparini dans une formation à l’animation des Ateliers du Bonheur dispensée par ZenPro. Puis nous nous sommes retrouvées à une conférence de Frédéric Lenoir l’année dernière. Nous avons eu envie de travailler ensemble sur le sujet du bonheur, mais en entreprise : nous avons créé Happy&Cie pour booster le capital bonheur en entreprise. Quand un employé est heureux au travail, il peut déplacer des montagnes. Il y a beaucoup d’entreprises dans le Nord qui veulent réellement contribuer à un mieux être sociétal et individuel. Nous travaillons sur la relation entre les collaborateurs, pas sur l’organisation qui est hors de nos compétences. Nous encourageons chacun à prendre conscience de ses talents et ressources, à être responsable de sa relation aux autres et nous travaillons tous ensemble sur la gratitude. Notre cerveau n’est pas programmé pour célébrer ce qui est bon, nous ne nous offrons pas assez de messages de gratitude. »

Dans quelles lettres de CRAZY se retrouve Marjorie ?

« Toutes ! Cependant c’est l’audace qui me parle le plus, pour tous les défis que je me lance. Il faut oser faire confiance, oser se faire confiance, oser la vie ! »

Je repars avec les ingrédients de la recette du bonheur : une cuillère de communication non-violente, une poignée de psychologie positive, une pincée de gratitude et de responsabilité, une louche de connaissance de soi… Marjorie a trouvé l’énergie et la volonté de se reconstruire après son implosion professionnelle, elle est heureuse dans un travail qu’elle a choisi et façonné en cohérence avec ses valeurs, elle est en train d’écrire un livre, B to B – du burn out au bonheur, récit d’expérience et d’optimisme sur son burn out, elle réfléchit à un autre livre sur le bienfait de se lancer des défis. « Je ne cours pas après ce que je n’ai pas, je sais ce dont j’ai besoin, je suis capable de recevoir des choses positives et négatives même si c’est parfois inconfortable. Avant j’avais le sentiment que pour exister il fallait faire, en réalité, il faut tout simplement être soi. »

Ses activités dans le monde socio-éducatif :

Com&Cit’ Apprendre à Vivre Ensemble : http://www.comandcit.fr

Accompagnement à la parentalité, interventions dans les écoles, formations enseignants, centres sociaux…

Engagement bénévole et citoyen dans le monde de l’éducation :

Marjorie est membre active du Printemps de l’éducation qui organise son 4ème forum les 20-21 mai 2017 à Roubaix.

Ouvert à tous les acteurs éducatifs et aux jeunes, l’objectif est de mettre en lumière des acteurs locaux qui contribuent à une éducation joyeuse, de faire expérimenter des approches pédagogiques et ludiques, et aussi de prendre le temps d’échanger et de partager, grâce aux conférences, stands et ateliers qui seront proposés tout le week-end.

plus d’infos : https://printempseducationlille.wordpress.com/

Ses activités dans le monde de l’entreprise :

Happy&Cie le Bonheur en Entreprise : http://www.happy-and-cie.com/

Conférences, séminaires, formations pour les dirigeants, DRH, managers et collaborateurs

Engagement bénévole et citoyen dans le monde de l’entreprise

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