
Lunettes rose fluo plantées sur le nez, Elise est une femme libre, aventureuse et audacieuse dont la fantaisie vous emporte dans son tourbillon coloré. Elle n’a pas hésité à prendre des chemins de traverse pour aller au devant des surprises de la vie.
Le parcours atypique d’une jeune prof en Arts Plastiques
Elise démarre sa formation en Arts Plastiques à Paris. Sur le chemin de Bruxelles, elle s’arrête par hasard à Lille où elle intègre la faculté d’Arts Plastiques pour terminer sa formation. Elle prépare le CAPES, donne des cours de dessin et d’aquarelle, anime des ateliers au musée de la Piscine à Roubaix et assure des cours d’arts plastiques dans un collège de cette ville. Des envies d’autres choses la pousse à postuler en écoles supérieures. Elle met en place des cours d’arts plastiques à l’IESEG et de design et arts contemporain à l’ICAM, puis assure toujours à l’ICAM la coordination pédagogique du département « formation humaine ». La jeune Élise évolue dans un monde d’hommes. Elle aime travailler sur des projets très concrets, transversaux, pédagogiques, accompagner les élèves, coordonner les professeurs. On lui donne de plus en plus de missions à remplir, elle, le super mouton à cinq pattes. Un jour arrive la rupture, le burn out.
L’audacieuse décision de vivre sa vie comme une aventure
« J’avais la charge d’organiser un événement important, je suis allée jusqu’au bout de la préparation, et le jour J, je n’ai pas pu aller au travail. Je me suis écroulée… tout s’est écroulé. Mon employeur m’a laissée partir avec une enveloppe, un an de formation et de suivi psychologique. Il me fallait reprendre pied… cela m’a été possible grâce aux amis, à l’art et à la terre. Nous avions une grande maison à Roubaix. J’aime les arts et la création, j’ai toujours beaucoup lu, j’ai été bercée par l’univers de Sonia Delaunay et de Niki de Saint Phalle. J’adore organiser des événements, créer des liens et faire avec d’autres. Alors avec Laurent mon compagnon et des amis, nous avons monté des expositions dans le couloir de notre maison où s’y côtoyaient des oeuvres d’artistes avec des dessins d’enfants. Nous avons ainsi exposé François Boucq, Bernadette Després, Antoine Delors, Mo CDM, David Leleu, Paul Martin, SebH, JJ Tadjian, Laurent Houssin et beaucoup d’autres… J’ai retrouvé avec ces actions l’élan de la création, la vraie, celle qui vient des tripes. J’avais déjà expérimenté pas mal de choses dans mon parcours d’Arts Plastiques, j’avais besoin d’apprendre de nouvelles techniques, passionnée d’art nouveau, mon projet était la fabrication de carrelages alors j’ai eu envie de suivre une formation de carreleur chez les Compagnons du Devoir et de céramique à l’école d’art de Douai. Pôle Emploi a soutenu à 100% ma démarche. »
Et puis Elise a commencé à créer. Elle a donné vie à Fanette ( voir le paragraphe suivant sur l’histoire de Fanette ) qui a donné vie à la céramiste qu’est devenue Elize Ducange. ( Lorsqu’Elise prend les chemins de la création, le « s » de son prénom se transforme en « z », comme pour signifier son changement de peau. ) Au fur et à mesure qu’Elize reprend pied les mains dans la terre, le coût financier de la maison roubaisienne devient trop important. Elle ne veut surtout pas subir sa vie. Avec son compagnon, ils prennent la carte de France pour imaginer où ils pourraient partir se poser avec les enfants. « J’étais en surchauffe de ville. La Bretagne s’est imposée rapidement comme une évidence. C’est une terre de résistants, où les gens sont fortement ancrés dans leur territoire. J’avais besoin de voir l’horizon et de vivre au milieu des oiseaux sans pour autant être isolée. Nous avons trouvé une maison à Bécherel, entre Rennes et Saint Malo. C’est une maison-atelier dans un village dédié aux livres avec des artistes et des artisans » Elize y est heureuse avec sa famille et retrouve la joie de la campagne de son enfance.
Fanette, l’expression du lien spécial qui unit les femmes
Fanette a une place essentielle dans le travail d’Elize Ducange. C’est elle qui a fait naître l’artiste et lui permet d’exprimer le lien spécial qui unie les femmes. Fanette est la tasse qui se retourne. Elize l’imagine pour l’arrivée de la fille d’une amie, une petite longtemps attendue. Très touchée, cette amie lui confie qu’elle espère bien que ce sera le début d’une longue histoire. Elize réalise une série pour la Nuit des Arts à Roubaix. Elle vend toutes ses Fanette. Elle a beaucoup de gentils compliments sur la poésie que porte ses objets. Elle se sent tout à coup à sa place. Elle décide de continuer sa pratique artistique. Elle se prend en mains, s’inscrit à la BGE ( réseau associatif d’aide à la création d’entreprise ) et organise une première vraie exposition à la Librairie Autour des Mots, place de la gare à Roubaix.
« Au début, Fanette représentait la matriochka avec son foulard sur la tête, l’intériorité et la fragilité de la femme. Quand les gens la voient, ils l’associent immédiatement à moi. Lorsqu’elle est à l’envers, elle perd de son utilité mais elle prend vie. Elle devient une sculpture. Elles sont toutes différentes. Il n’y aura jamais de « Fanette homme ». Ses yeux sont toujours bleu-gris et j’y apporte beaucoup de soin, car la transparence et la vibrance de l’œil sont essentielles, c’est ce qui va lui donner vie. Fanette est une affirmation forte du féminin, car nous sommes dans un monde très masculin. Mon travail est ma contribution à la nécessité de féminiser le monde en y réajustant la place de la femme. »
Féminité, couleur, fantaisie, enthousiasme sont au cœur de son travail artistique
Le travail d’Elize est profondément féminin. Elle a été portée par beaucoup de femmes pour remonter la pente de son burn-out. Elize est très sensible à toutes les petites choses qu’elles distillent tout au long du quotidien et se sent reliée à cela. Elle fait des objets pour quotidien extraordinaire. Ses objets sont muets, mais ils parlent beaucoup, ils sourient toujours. Le sourire est un lien : souriez et on vous sourira en retour.
Elize travaille de manière intuitive. Elle aime la série pour ses bienfaits méditatifs. Elle se laisse glisser dans le travail, l’arrête, puis le reprend là où elle l’a arrêté. La signification ne lui vient qu’après. Par exemple, cette année, elle travaille sur les fragments d’assiettes. Elize a appelé ses créations les Muettes, ce travail est relié à son incapacité à écrire depuis son burn-out.
La couleur est vitale dans sa vie. Ses objets sont très colorés et elle n’a pas pu s’empêcher de repeindre les fenêtres de sa maison en rose. Elize met beaucoup d’enthousiasme dans son travail. Son plus grand plaisir est de guetter la réaction des personnes qui pénètrent dans son atelier, de les voir rire lorsqu’ils découvrent les expressions des Fanettes et autres objets extraordinaires qui habitent l’atelier.
Prenez le temps de regarder chacun des objets qu’Elize crée, d’un clin d’œil complice, ils auront toujours une drôle de petite histoire à vous raconter…
Dans quelle lettre de CRAZY! se retrouve Elize Ducange ?
« Le C de curieux. La curiosité n’est pas un vilain défaut. Beaucoup de personnes tout au long de ma vie m’ont autorisée à sortir du cadre. Jeune, je ne voulais pas être une potiche, alors je lisais beaucoup, pour apprendre plein de choses.
Le A d’audace. Je me remets sans cesse en question. Je n’ai pas peur du ridicule. J’ai décidé de porter des lunettes rose fluo, c’est ma manière de dire que je ne me prends pas au sérieux. Je suis une personne qui avance. Prenons le temps de vivre et découvrir pleinement chaque nouvelle journée. Osons prendre le temps, car nous sommes éphémères. »
Sophie Mayeux
Où retrouver le travail d’Elize Ducange :
Facebook : @elizeducange
Instagram : @elizeducange
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