
Sophie Mayeux – décembre 2012
Myriam est tolérante. Elle est douce et posée, mais lutte avec ses tripes contre l’alcoolisme dévastateur chez les adolescents. Mère de quatre enfants, elle se sent très concernée par ce fléau. « A la fin des soirées, quand je voyais les quantités d’alcool qui avaient été consommées, ça m’interpellait. » Formatrice de métier, Myriam décide de reprendre le chemin de l’Université jusqu’au diplôme de master en sciences humaines et sociales. Elle vient d’obtenir par ailleurs un D.U en alcoologie. Elle crée son association en 2007. Depuis, elle ne cesse de développer ses compétences sur le sujet et d’affûter son regard sur cet inquiétant phénomène de société, parce que cela nous concerne. Myriam a cette petite flamme particulière aux gens qui militent mais n’est pas dans l’opposition à tout prix. Elle fait un important travail de fond, discrètement. Mais elle sait sortir de sa réserve quand il s’agit de parler d’alcool aux jeunes. La moralisation n’est pas son registre. Toujours avec bienveillance, elle explique, elle écoute. C’est en personne « indignée » qu’elle a décidé de mener son action, parce qu’on ne peut pas laisser la situation s’aggraver, ou simplement s’en remettre au cadre législatif. « La société est hypocrite : les alccoliers prennent véritablement les jeunes pour cible en développant des produits spécifiquement pour eux. » Avec persévérance et conviction, Myriam visite les collèges, lycées, discothèques, soirées étudiantes à la rencontre des jeunes. Sensibiliser, toujours et encore, sans faillir.
Dans sa démarche, Myriam ressent parfois qu’elle est une femme. C’est un regard qu’elle perçoit plutôt chez les adultes que chez les jeunes. « Je me souviens de cette soirée organisée par un réseau local et au cours de laquelle nous étions invitées à venir présenter notre association. On nous a sifflées quand on a vu qu’on était des femmes. » L’alcool est un sujet sacré et délicat à aborder. Avant, les filles temporisaient. Maintenant elles veulent être les égales des garçons en buvant autant, voire plus parfois.
Est-ce compliqué aujourd’hui d’être une femme ?
« Certaines femmes sont beaucoup plus dans la revendication, comme s’il fallait reprocher de façon systématique tout ce que les hommes sont. Ce n’est pas la bonne voie. Nous sommes différents, mais complémentaires. Je suis donc partisane de « faire avec » que plutôt « contre », c’est plus constructif. Parfois, je me dis que la place de la femme n’est pas toujours juste et que c’est peut-être un peu plus simple quand on est un homme. »
Mèneriez-vous votre action de la même manière si vous étiez un homme ?
« Il ne s’agit pas d’une question de sexe, mais plutôt de personnalité. »