FREDERIQUE BEDOS : philanthropie 2.0

Dimanche 25 octobre, dans le port du Havre. C’est le grand jour pour les skippers qui participent à la 12ème édition de la Transat Jacques-Vabre, appelée aussi « La route du café ». Le départ de la course sera donné à 13h30. Destination Brésil avec une arrivée au port d’Itajai, à 5 400 miles, soit 10 000 km de là. Les Ultimes, les géants de la course, quittent le bassin pour rallier la baie de Seine en vue du départ. Ils sont suivis des vingt monocoques Imoca, des quatre Multi-50 et des quatorze Class40. Parmi eux, un Imoca 60, « Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine » qui, en attendant de relever son challenge ultime, « Le Vendée Globe 2016 », prendra la mer avec à son bord les skippers Thomas Ruyant et Adrien Hardy. La veille, sur le pont du bateau, une jeune femme au sourire éclatant et à l’énergie contagieuse. On ne voit qu’elle tant elle rayonne. Frédérique Bedos est venue encourager Thomas et Adrien et porter le message du Projet Imagine, qui met en lumière les héros de l’ombre. « Quoi de plus beau qu’un tour du monde à la voile pour diffuser un message d’espérance et donner l’envie au plus grand nombre de s’engager ? C’est le défi hors du commun qu’a choisi de relever Le Souffle du Nord pour Le Projet Imagine. Ce collectif d’hommes et de femmes originaires du Nord, qui partagent les valeurs d’humilité, de courage et solidarité du Projet Imagine, ont choisi de faire courir un trimaran Imoca 60’ qui sera l’étendard du Projet Imagine jusqu’au Vendée Globe 2016. Une belle façon de mettre les héros de l’ombre dans la lumière ! », explique-t-elle.

Ses premiers héros, ce sont ses parents

Ecrivain, journaliste et réalisatrice, Frédérique Bedos, est née en Normandie, il y a 44 ans, d’un père haïtien et d’une mère française. Petite fille, sa maman glisse lentement dans la maladie mentale. Suivie par les services sociaux, Frédérique rencontre un couple extraordinaire. Michel et Marie-Thérèse vivent dans une grande maison à Croix, près de Lille, et adoptent des enfants du monde entier, la plupart inadoptables car lourdement handicapés. Il y en aura seize au total. Adolescente, Frédérique Bedos partage sa vie entre cette maison du bonheur et des tête-à-tête compliqués avec sa mère à la dérive. Bac en poche à 15 ans, Frédérique Bedos quitte la région lilloise pour faire ses études à Paris. Repérée dans un café par un producteur américain, elle vit entre Paris, Londres et New York. Pendant quinze ans, elle consacre sa vie aux médias – M6, MTV, France 2 – tout en prenant soin de cacher son histoire. Mais jamais elle n’oubliera cette famille qui lui a donné tant d’amour. « Dans ma famille, chacun d’entre nous aurait pu dire « Regardez comme mon histoire est horrible ! » Or, chacun pouvait trouver, chez son frère ou sa sœur, une histoire quasiment pire que la sienne ! Alors on arrêtait de regarder son petit nombril et on se disait : « Je vais aider celui qui est à côté de moi. » En un mot, on se sauvait. Le secret, c’est cela : la main tendue ». Son histoire, Frédérique Bedos l’a racontée dans un livre bouleversant « La petite fille à la balançoire ». « J’ai réalisé que mes parents étaient des héros, des Héros Anonymes dont personne ne parle. Des héros comme eux, il y en a plein autour de nous et il est temps d’en parler. » Ainsi est né le Projet Imagine ! Il y a 5 ans, Frédérique Bedos décide de quitter l’univers impitoyable de la télévision pour créer Le Projet Imagine afin de mettre en lumière ces personnes qui, dans l’ombre, sont en vrai des héros modestes et rares.

250 bénévoles pour le Projet Imagine

Avec Le Projet Imagine, Frédérique Bedos tend la main et va « à la rencontre de l’humanité de chacun ». « Ce projet, je l’avais en moi mais je ne pouvais pas le faire toute seule. Il fallait absolument que je trouve des personnes qui aient envie de me suivre. C’est aussi une histoire de solidarité. Ensemble, tout est possible, c’est l’ADN du Projet Imagine. Je n’avais rien dans les mains à part ma vision, mon envie. Changer les choses ? Si on s’y met tous, il n’est pas trop tard ! ». Epaulée par deux salariées, Frédérique Bedos mène ce projet bénévolement, comme les 250 personnes – preneurs de sons, caméramen, etc – qui acceptent de travailler gratuitement pour produire des films de qualité. Son long-métrage, « Des femmes et des hommes » a été présenté à l’ONU. Il relaie la parole de militantes, sur tous les continents, de toutes confessions, de toutes les sphères culturelles ou économiques. Un vaste panorama et une conclusion universelle : la terre tournerait plus rond si les femmes étaient égales aux hommes. D’autres films sont actuellement en montage, dont un film de 90 minutes consacré à Jean Vanier, le fondateur de l’Arche, l’association qui accueille depuis 1964 des personnes ayant un handicap mental dans des lieux de vie partagée. Un autre film est en préparation sur Soeur Ventura, une nouvelle héroïne Imagine mexicaine qui oeuvre au service des peuples autochtones (Pygmées) dans la région du Likouala au Congo. « Quand je me suis lancée dans l’aventure, j’avais une petite vingtaine de héros potentiels que j’avais repérés moi-même. Depuis, que j’ai lancé le projet, il nous arrive des centaines de portraits. C’est une vraie campagne de dénonciation de héros spontanée », plaisante-t-elle. « Les gens qui découvrent le Projet Imagine deviennent fidèles. Notre ambition est immense : nous voulons proposer nos films aux chaînes du monde entier car le message qu’ils véhiculent ont une portée internationale, les valeurs que nous prônons sont universelles».

Un média alternatif qui porte un regard d’espérance

Le Projet Imagine est un média alternatif, utile et philanthropique qui met en avant des personnes anonymes qui, dans l’ombre, font la Révolution. « Mon objectif est d’encourager chacune et chacun à s’engager pour « bâtir le Meilleur ensemble ». A force de dynamisme, d’altruisme, de générosité et d’imagination, ces Héros Anonymes trouvent et mettent en place des solutions incroyables ! » Et il faut en parler ! « Les médias ne cessent de nous montrer le pire, en diffusant continuellement un message anxiogène. Or, la peur empêche d’aimer. Mine de rien, on grignote l’espérance dans le cœur des gens. Je veux créer un média alternatif qui diffuse d’autres valeurs. Je fais du journalisme mais je porte un regard d’espérance sur ce monde. Nous sommes à la croisée des chemins, capables de foutre le monde en l’air : la menace écologique, la menace nucléaire, le pire, comme le meilleur sont là. Il va falloir choisir le meilleur et cela devient urgent ! C’est pourquoi, je me bagarre à mon niveau pour aider les gens à en prendre conscience et à se réapproprier notre monde. Oui, tout est possible, et c’est dans nos mains, mais c’est à nous, et à nous seuls, de prendre en main notre destin », martèle-t-elle, en citant Mère Teresa : « Le tout est de faire des petites choses avec un grand amour. »

Cet Amour avec un A, que Frédérique Bedos porte en elle avec une si belle et grande humanité.

Dans quelle lettre de CRAZY ! se retrouve Frédérique ?

« Je pourrais presque toutes les choisir… mais je dirais dans l’ordre :

Audacieux : aujourd’hui, il est temps et urgent de risquer de vivre ! Parce que vivre, c’est aimer et que, pour vivre, il faut risquer et oser sauter le pas. Tant que vous ne le faites pas, vous vivez comme des morts vivants. C’est à notre portée à tous d’essayer, d’essayer d’aimer. Mettez le doigt dans l’engrenage… et vous allez devenir addict !

Yes : je le dis tous les jours, je dis OUI à la vie ! »

Anne Diradourian

Photos Frédérique Bedos

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