Ise Cellier, la brodeuse d’images

J’ai connu Ise Cellier par hasard, en allant chercher du papier népalais. Ses oeuvres étaient exposées dans la boutique-galerie dans laquelle je m’étais rendue. J’ai été instantanément touchée, intriguée, par ses étranges personnages brodés, mi-humains, mi-animaux, sortis dont ne sait quelle légende. Plus tard, lors d’une exposition-vente à laquelle je participe en novembre 2017, je constate avec joie qu’Ise est ma voisine ! Il n’y a pas de hasard, c’était le signe que je devais faire son portrait pour CRAZY!

Ise est discrète et secrète. On sent une vie intérieure riche, onirique, en pleine ébullition. Je suis heureuse d’avoir tiré un petit bout de fil de son histoire en attendant de prendre le temps de découvrir son travail, de plonger dans son monde rêveur et poétique pour enfin doucement l’approcher.

« J’ai toujours fait des choses avec du fil. C’est le point de départ. Petite, je bricolais avec du fil. Il y en avait toujours chez moi. Je ne cousais pas, je nouais, tissais, tressais, je dessinais aussi… L’aiguille et le tissu sont arrivés plus tard. J’ai fait des études d’Arts Plastiques à l’université. Là, j’ai mis le fil entre parenthèses. Puis il est revenu. J’ai fait des dessins cousus : le crayon s’est transformé en aiguille. Ensuite, j’ai imprimé le dessin cousu pour en faire une gravure à l’eau forte. Ces dessins représentaient des robes-cages, des structures en noir et blanc, vides. Un jour, j’ai eu des tissus très colorés, des batiks africains. La couleur et les personnages sont arrivée de manière simultanée dans mes créations. D’abord, il y a eu des visages, toujours aux aguets, observant le monde, en attente. Puis j’ai greffé des « corps », sortes de masses corporelles sans vraiment de membres, sur lesquels j’ai cousu des histoires. Ils sont devenus des corps à narration.

Mon travail surgit avec l’énergie d’une éruption, sans réflexion, sans explication. Ce jaillissement est temporisé par le travail de broderie, long, posé. C’est un processus d’expulsion, fort et direct. Puis je reviens dessus, patiemment. La broderie me permet de rajouter, de greffer, d’étendre le temps. Mon aiguille est comme une extension de moi. Enfin, arrive le moment où je ne peux plus intervenir. L’aiguille ne rentre plus. Le travail est alors  fini. Lorsque je brode, je suis une vie très monastique. Je ne mange peu ou pas, je ne vois personne. Je peux broder jusqu’à 8 heures par jour voire plus. Je me recentre sur moi-même en m’excluant du monde qui coure.

Parallèlement à mon travail artistique, j’anime des ateliers poétiques de broderie, chaque atelier est un parcours, une aventure pour aborder l’idée de création. J’ai envie aussi de faire du théâtre, j’aimerais enfin donner la parole à toutes les histoires que je raconte. Et ça commence à prendre beaucoup de place dans ma tête.

Pour moi, créer est vital. C’est un besoin urgent et nécessaire. La création m’a sauvée bien des fois dans la vie. Si je peux transmettre ce goût de la création, alors tout cela aura un sens. »

Sophie Mayeux

Les expositions en préparation d’Ise Cellier :

Fin mars 2018 : Atelier Akane à CROIX (59) – Travail de dessin et de gravure sur papier

Avril 2018 : Délire de livres à VIROFLAY (78) – Réalisation d’un livre géant sur le thème de la rue

Où retrouver le travail d’Ise Cellier :

www.marque-ise.com

Au musée de la piscine de Roubaix, dans les collections permanentes

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