
Comme beaucoup d’indépendants, de commerçants, d’artisans et tant d’autres, l’activité s’est suspendue. Les prisonniers du boulot, font pas de vieux os. C’est Henri Salvador qui le dit. Et si c’était le moment de s’en libérer ?
J’avais un atelier de cohésion d’équipe prévu fin mars. Je l’attendais avec impatience car c’était une belle collaboration. J’ai arrêté toutes mes actions commerciales bien sûr. Mon exposition photographique en cours se termine après deux semaines. Moi qui avais tant rêvé de travailler dans cette petite galerie nichée au creux des livres. J’avais imaginé y avoir une inspiration sans limite. Ce virus avale tout sur son passage. Laurent, mon époux qui est photographe, a vu lui aussi son travail stoppé net, vous savez, comme au ski lorsque vous glissez bien et que vous arrivez tout à coup dans une grosse flaque de boue.
Nous avons quand même eu une période d’abattement en mode « mais qu’est-ce qu’on va devenir ? ». Et rapidement, nous avons réalisé que nous sommes tous dans la même situation. Chacun a peur pour son travail, la trésorerie de son entreprise, le paiement de ses charges, l’organisation du télétravail, la garde des enfants. C’est l’incertitude la plus totale.
Nous goûtons aussi au temps nouveau qui s’ouvre devant nous. L’agenda se désemplissant, nous avons du temps pour les travaux personnels et de mon côté, particulièrement pour tout ce que je voulais faire et que je ne démarrais jamais car dans l’impossibilité d’y consacrer le temps long nécessaire. Un vent de liberté commença à souffler.
Dès le vendredi 13 mars, a Laurent décidé de lancer avec son réseau professionnel de communicants un blog sur le sujet du traitement de la crise du COVID-19 dans les Hauts-de-France. Je me mobilise avec lui pour rédiger les premiers articles sur les deux sujets qu’il veut tout de suite couvrir : la campagne municipale et le secteur médical. Je tape sur mon clavier depuis lundi, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup de mots à rendre ! Nous avons réussi à interviewer très vite deux candidats lillois et un médecin traitant au début de la tempête, avant le discours du Président de lundi soir. C’était très intéressant de recueillir leurs impressions sur ce moment irréel. Et dans la foulée, j’ai créé mes chroniques sous corona. J’ai trouvé ma mascotte à la maison de la presse avant le grand confinement. Elle me tendait ses picots jaunes en me regardant de ses grands yeux ronds. OK, elle est Made in China mais l’ai sauvée de sa boîte en plastique !

J’avais pris l’habitude d’être seule au bureau. Laurent n’est plus en reportage et est maintenant tout le temps au studio. Il tourne comme un lion en cage, téléphone en marchant et nous faisons beaucoup de pauses-café. Mon bureau sent l’huile essentielle de ravintsara, j’ai des papiers à idées éparpillés un peu partout, faut que je me mette au mind mapping virtuel car je vais tomber en panne de post it.

Nous vivons une période inédite, effrayante mais passionnante. Nous constatons que l’arrêt des usines fait respirer la Chine et le monde. Ce ne sont plus que des idées, nous l’expérimentons. Le travail s’organise à distance. C’est vrai qu’il est compliqué de travailler avec les enfants confinés à la maison. Mais et si cela nous faisait réaliser que ça ne marche pas si mal que ça, que nous n’avons pas forcément besoin de nous déplacer en masse au bureau chaque jour, de dépenser du temps en réunion.
Ce moment est l’opportunité d’innover en terme d’organisation du travail et de relations sociales. Que pouvons-nous imaginer pour garder le lien, créer de la cohésion à distance, avec des moments d’échange virtuellement vrais ? Comment l’écran permet-il des liens authentiques ? Est-ce une barrière ou au contraire une façon d’entrer plus rapidement en lien les uns avec autres ? Le travail à distance permet-il d’avoir avec son manager ou ses collègues des relations plus fortes, car on aura plus de temps et d’occasions d’échanger de personne à personne ?
En tous cas, ce moment est un accélérateur d’innovation et de changement. Les entreprises qui tardaient à mettre en place le télétravail ont été bien obligées de s’y mettre. Et l’école est en train de faire sous la contrainte un bon technologique qui fera évoluer ses méthodes éducatives durablement.

Merci Sophie pour ce poste, qui, comme tu nous as habitués, cherche à épuiser dans nos resources et à donner de l’espoir dan les temps difficiles et pour l’intérêt collectif.
Dans ce temps critique, j’ai une pensée particulière pour les personnes qui accumulent aujourd’hui des sentiments d’isolement, de peur, d’abandon et d’interrogation sur un avenir présenté comme incertain.
A ta disposition pour participer dans un effort collectif pour accompagner ces personnes.
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Merci Isam pour cette pensée et cette idée d’accompagnement. Je vais y réfléchir. Prends soin de toi et de tes proches.
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