Monique Lener : au hasard des chemins de la création

Sophie Mayeux – décembre 2012

Il se dégage de Monique une sérénité profonde. Quand on passe un moment avec elle, on en ressort comme apaisé. La créatrice de la marque de vêtements féminins les Chemins Blancs est d’une très grande sensibilité. Authentique et sincère, elle est ouverte aux autres et au monde en général.

Originaire des Pays-Bas, Monique a toujours été animée par le dessin, la musique et l’écriture. Sa grand-mère avait pour habitude de lui répéter qu’elle serait chanteuse ou créatrice de mode. Elle démarre effectivement une école de stylisme et se fait repérer dans la rue. Sa carrière de mannequin commence à Eindowen, puis elle part pour Amsterdam. Lors d’un défilé, un photographe la remarque et la booke. Elle décolle. Elle multiplie des rencontres qui vont construire sa vie et sa sensibilité artistique. Elle est le premier mannequin à être photographié par Mario Testino, elle travaille avec le dessinateur Antonio Lopez, elle collabore avec les assistants d’Helmut Newton et de Patrick Demarchelier. Dans ce métier éblouissant, Monique, de nature curieuse, est beaucoup plus attirée par le goût des voyages, des échanges, que par celui du champagne et des paillettes. Elle se nourrit de toutes ces sensibilités.

La mort de son grand-père est un choc. Monique prend alors le temps de se poser, elle réalise qu’à force d’être sur toutes les couvertures de magazines, elle ne sait plus vraiment qui elle est, ses vrais amis lui échappent. Elle décide de prendre une année sabbatique ; dans sa chambre d’étudiante, elle revient à une vie normale. Elle finit par reprendre son travail de mannequin à Bruxelles, une ville plus bienveillante pour ce métier. C’est à cette période qu’elle rencontre son futur mari et fabricant de manteaux. A force de fréquenter les ateliers de création de l’entreprise, la fibre créative vibre avec plus d’intensité. En voyage aux Pays-Bas, ses yeux tombent sur un magasin de chemises blanches. Sur l’une d’elles est écrit « Sur les chemins blancs, il est midi éternellement ». Le nom de sa marque de vêtements est trouvé, ne reste plus qu’à les réaliser.

La grand-mère de Monique avait raison. Aujourd’hui, elle crée. Elle développe sa marque aux valeurs douces et authentiques. Sous le pseudo de Moko, elle est auteure interprète et compositeur et a enregistré son premier disque. Elle permet à l’art d’entrer dans ses collections. Toujours avide d’émotions, Monique se laisser guider par le hasard des rencontres avec des artistes du monde entier. De passage à Santa Fé, elle repère dans une boutique des sacs en cuir. Elle n’hésite pas à aller chercher la créatrice au fond de son atelier et à lui proposer d’intégrer sa prochaine collection. En voyage à Amsterdam, elle rencontre une peintre inspirée par le visage de Mona Lisa. Elle lui demande de peindre pour ses foulards. Dans sa vie antérieure, Monique a eu de la chance de rencontrer des artistes qui l’on nourrie, elle tend à son tour la main à de jeunes talents. Elle a envers eux cette bienveillance naturelle et envers les autres l’envie de faire partager leur art.

Est-ce compliqué aujourd’hui d’être une femme ?

« J’ai eu 50 ans cette année et je ne me suis jamais sentie aussi bien. On trouve de la sérénité avec l’âge. Je travaille dans un univers féminin, et j’aime ce lien particulier que les femmes tissent entre-elles. L’époque était plus dure du temps de ma mère et de ma grand-mère. On se mariait vite. Ma mère a dû s’occuper de ses frères et soeurs. On n’avait simplement pas le temps de vivre. »

Mèneriez-vous votre action de la même manière si vous étiez un homme ?

« C’est une question de valeurs plutôt que de sexe. De plus en plus d’hommes ont une part féminine qu’ils acceptent. Mais les femmes ont une part masculine qu’elles doivent également assumer. Il faut trouver un équilibre entre hommes et femmes, car nous sommes complémentaires, comme le ying et le yang. »

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