ça m’énerve !!!

Ah ah, c’est pas parce que je suis une grande spécialiste de l’aigle que je ne m’énerve pas. Oui des fois, je suis très énervée, le confinement m’énerve. Certaines choses m’énervent vraiment beaucoup. Et puis ça passe. Les montagnes russes des émotions montent et descendent, elles s‘en vont et reviennent, un peu comme dans la chanson de Cloclo, elles me font un coeur tout neuf, elles me font pousser des ailes blanches dans le dos qui me font remonter haut très haut et redescendre en piqué.

Qu’est-ce qui m’énerve beaucoup…

Manger des pâtes et du riz, parce qu’il faut bien nourrir les garçons et que des carottes râpées avec un petite julienne de légumes, ça les cale pas pour la journée. Des fois, je fais aussi du risotto, du quinoa, du ébly… Madame Tipiak, au secours, les pirates ont les crocs !!!

Faire la queue devant les magasins de la rue chaque jour pour remplir le placard de pâtes et de riz, parce qu’à force de manger un paquet de 500g par jour, on est obligé de faire des réserves. Je déteste faire des réserves, mais là je suis obligée. Tant que j’y suis, je me prends une bière et des car en sac, ce sont mes produits alimentaires de première nécessité en ce moment.

Ne plus pouvoir commander au court circuit à côté de chez moi, parce que, ben forcément, tout le monde dans la rue a maintenant découvert qu’il y avait un approvisionnement en circuit court au 188 rue du Faubourg de Roubaix. Le site internet est pris d’assaut deux semaines à l’avance !!!   Et je peux vous dire qu’il ne faut pas louper son tour, c’est la foire d’empoigne. Moi qui déteste prévoir les courses…

Crier midi ET soir comme une malade à travers la maison que le repas est prêt et ne voir personne arriver comme ma soeur Anne désespérée en haut de son donjon.

Ne pas pouvoir aller me faire épiler et regarder désespérément pousser mes poils. J’ai osé mettre un bermuda quand il a fait très beau au week-end de Pâques… Les cheveux poussent aussi, je n’ose pas encore passer à la tondeuse. 

 

Voir ma liste de trucs à faire pas faits s’allonger : je n’ai pas rangé les livres dans ma bibliothèque, je n’ai pas rangé la cave, je n’ai pas fait ma pratique quotidienne de yoga, je n’ai pas fait mon album photo famille de 2012 (je crois bien que c’est là que je me suis arrêtée, enfin j’ai pas fait non plus celui de 1999…), je n’ai pas terminé de ranger mon bureau, je n’ai pas travaillé tous mes morceaux de basse, je n’ai repris l’apprentissage du portugais, je n’ai pas démarré le dessin, je n’ai pas lu ma pile de livres au pied de mon lit, je n’ai pas terminé de refaire mon site be-CRAZY!, je n’ai pas essayé de faire du gel hydroalcoolique… Bon j’arrête parce que c’est vraiment énervant. 

Voir que Jean ne sort pas du tout, mais pas du tout du tout du tout. Il est devant son ordinateur toute la journée. C’était déjà le cas avant, mais au moins, il y avait les cours physiques à l’école. Me dire qu’il va être en manque de vitamine D, qu’il va faire une scoliose, qu’il va avoir une déformation des doigts à force d’agripper sa souris, qu’il va perdre ses muscles (bon c’est pas non plus Schwarzenegger, entendons-nous bien). 

Entendre hurler Lancelot devant son écran GTA, « T’as vu tu peux acheter un hangar pour stocker ta drogue, c’est pas mal, non ? », ou bien devant FIFA je ne sais plus quelle année avec les commentaires de Thierry Roland en prime. 

Ne pas partager ma bière en vrai, trinquer, parler de l’un à l’autre, m’assoir dans sur les banquettes en skaï et manger un croque Monsieur au Maroiles au café Le Saint Maurice.  

Mettre un masque et avoir plein de traces de rouge à lèvres qui partent pas. Oui je mets du rouge à lèvre ça me permet d’oublier que j‘ai du poil aux pattes.

Eh bien maintenant, ça ne m’énerve plus, enfin pas tous les jours.

Quelle est ma recette miracle à part faire l’aigle ? (Deux fois l’aigle dans un article, ça va finir par être énervant !). Eh bien je me suis dit, c’est comme ça la la la la la la 

Je ne peux pas y faire grand chose. Lâche prise, lâche prise, me dit ma petite voix intérieure. Alors, à côté de pâtes, je fais des petits légumes que je n’oblige personne à manger. Je regarde pousser mes poils en m’exerçant au tressage. Je laisse Jean confiner sur son fauteuil, il est cool alors que demander de plus. Je ferme les portes pour entendre moins hurler. Je bois des bières en visio. Je marche dans mon jardin, je serre mon grand arbre dans mes bras, je respire et puis ça va bientôt s’arrêter, n’est-ce pas ?

Et lorsque je suis bien zen, je me dis, « Mais tu te ramollies ma vieille ! c’est qu’il ne s’agit pas de t’habituer au confinement, c’est pas la vraie vie je te signale ! Rebelle-toi ! ». Alors c’est reparti pour un tour.