
Marjorie et Christophe ont pris conscience de l’accélération de la dégradation écologique de notre planète. Poussés et questionnés par leur fils Léo, ils se sont documentés sur la théorie de l’effondrement. Ils ont choisi de passer à l’action en démarrant leur projet de permaculture. Un projet d’inclusion familiale, sociale, qui va bien au-delà du bonheur de cultiver son potager. Une philosophie qui impacte toutes les sphères de leur vie personnelle, professionnelle, sociale, et qui pourrait bien influencer nos solutions pour construire une nouvelle société. Rencontre avec une famille qui a décidé d’agir.
La prise de conscience d’un effondrement possible
Quel a été le déclencheur de cet engagement vers la permaculture ?
Marjorie – C’est la prise de conscience d’un effondrement possible qui a déclenché la décision de nous lancer dans ce projet de permaculture. Il y a encore 2 ans, nous avions imaginé installer dans le jardin un espace spa. Puis notre fils Léo est venu nous alerter de manière remuante sur le sujet de l’effondrement.
Nous savions bien qu’il fallait entamer des gestes afin de réduire notre empreinte écologique. J’étais très touchée par les prises de parole de Greta Thunberg, me disant que je devrais faire ceci ou cela, mais au final je ne faisais rien ou trop peu.
Et un jour Léo m’a interpelée : Maman tu t’es renseignée à minima sur ce qu’il va se passer dans le monde si on continue à vivre comme aujourd’hui. Regarde ton travail, à ton échelle il fait sens, mais si on l’envisage au niveau global de la planète, ça n’a plus de sens, à quoi sert-il vraiment ?
Léo nous a fait découvrir des documentaires sur l’effondrement, des conférences scientifiques. Et notre première décision a été de transformer notre projet de spa très énergivore en un projet pour tendre vers un début d’autonomie alimentaire et énergétique.
Pas trop déprimant tout ça ?
Christophe – Non, car il y a toujours des inconnues. On ne sait pas ce qui va exactement arriver, comment, quand. Les interactions entre tous les facteurs de l’effondrement sont très complexes.
Marjorie – Pour moi, cela a été un vrai choc. Je suis passée de la stupéfaction à la colère en passant par l’abattement le plus total. Je suis passée du « c’est foutu de toute façon ça ne sert plus à rien » à « qu’est-ce que je peux faire pour que l’on vive la situation le moins mal possible et dans la joie ».
Je suis convaincue que l’effondrement va se produire plus rapidement et brutalement que ce que nous imaginons. Il y aura de la souffrance et des drames. Nous les expérimentons déjà avec la crise du coronavirus, le réchauffement et les réfugiés climatiques. Que pouvons-nous mettre en place maintenant pour que lorsque cela arrivera nous ne soyons pas dépourvus, pour que nous ayons quelque chose à partager ? C’est ce qui m’a motivée.
Nous avons un grand jardin, alors travaillons la terre pour lui redonner tout son potentiel et ramener la bio-diversité. Je suis une vraie citadine, et depuis peu je m’émerveille de toute cette nature autour de moi. Je m’imagine déjà partager ma récolte.
Quelles sont vos autres motivations ?
Donner l’élan à d’autres de faire
Marjorie – L’objectif est de ne pas nous engager seuls dans cette démarche. Car lorsque ce que nous promet l’effondrement sera là, il faudra être capables de s’entraider en terme de nourriture, d’énergie et de relations humaines. Pour cela, il est nécessaire de se préparer en amont. J’aimerais fabriquer un maillage de proximité de manière à ce que chacun puisse compter les uns sur les autres le moment venu et aussi apprendre à être autonome dans la mise en oeuvre d’un tel projet.
Faire ensemble : du projet familial au projet collectif
Marjorie – Ce projet de permaculture a permis de remettre un projet familial au coeur de notre foyer. Nous ne l’avions pas imaginé ainsi au départ. Nous constatons que grâce à lui, nous nous retrouvons avec Christophe sur un projet commun. Nos filles qui pourtant n’habitent plus à la maison s’y sont intéressées et se sont informées pour participer. Notre fils Léo qui s’était éloigné a trouvé là un fil pour de nouveau s’inscrire dans la famille. Nous sommes à l’écoute des uns et des autres, nous respectons et acceptons les décisions de chacun. Par exemple, Christophe n’était pas moteur pour inclure les voisins, moi si, mais je n’ai rien imposé.
Puis de familial, le projet est devenu collectif. Nous avons naturellement inclus des amis, des personnes sensibles au sujet de la permaculture, d’autres du collectif ArbraCulture, pour venir nous aider sur le chantier. C’est l’occasion d’apprendre, de faire de nouvelles rencontres et de contribuer à faire vivre la communauté ArbraCulture.

La volonté d’impulser une dynamique locale au niveau du village
Marjorie – Afin de ne pas rester dans un certain entre-soi, j’ai voulu inviter à la première réunion de présentation du projet par ArbraCulture des personnes du village et des élus. Mon intention était de générer une dynamique d’ateliers citoyens dans le village. Pour l’instant, l’amorce n’a pas pris. Mais j’ai une autre idée. J’ai pensé initier une dynamique par le regroupement d’achats en mutualisant entre villages, voisins, la collecte de vrac, lait, fruits et légumes. Le déclencheur va peut-être se faire par ce biais-là.
Pour en savoir plus sur la collapsologie ou l’effondrement sans voir peur :
Qui sont les collapsologues ? : complément d’enquête mars 2020
Institut Momentum, l’anthropocène et ses issues : pour réfléchir maintenant aux solutions pour le monde de demain
RDV le 4 juin pour la suite de l’article ! Abonnez-vous au blog et à la page Facebook pour être informés 👇
