G’IMPACTE est le cabinet de conseil de l’AFM (Association familiale Mulliez). Sa mission est de transformer le système de pilotage des entreprises en un système engagé et tourné vers la contribution sociétale plutôt que le résultat économique pur. Cette ambition est portée par une femme, Gaëtanne Gengembre, bien décidée à faire de ce système de pilotage la nouvelle norme en matière de gestion d’entreprise. Son rêve : à l’instar du Bonheur National Brut, indicateur de mesure de la santé globale d’un pays, construire l’indice de pérennité, mesure de l’impact économique, social et environnemental d’une entité sur son écosystème.
Une rencontre qui donne de l’espoir quant à l’évolution des modèles économiques traditionnels
J’ai fait la connaissance de Gaëtanne au mois d’octobre 2020. Une rencontre pendant laquelle tout s’est éclairé. Au-delà de l’espoir qu’elle m’a redonné, j’ai rencontré une vraie visionnaire. Avec G’IMPACTE, business unit de Décathlon qu’elle co-anime depuis 4 ans, Gaëtanne entend créer un pilotage d’entreprise engagé, entraînant ainsi une bascule vers un modèle économique basé sur la contribution plutôt que sur le résultat. On pourrait même parler de modèle de durabilité plutôt que de modèle économique pour relier les dimensions économique, sociale et environnementale. Sa théorie, c’est que l’on ne peut plus envisager l’entreprise de manière déconnectée de son écosystème. L’entreprise a un rôle qui va au-delà de celui de fournir un travail, elle interagit dans son environnement avec d’autres entités et chacune contribue à la création de valeur qui profite à toutes.
Afin de faire évoluer les décideurs, Gaëtanne utilise leur langage. Elle leur parle « outils de pilotage », les accompagne pour mettre en place les indicateurs leur permettant de mesurer leur impact sur leur écosystème. Ces indicateurs sont au final de simples données, mais pour apparaître dans un camembert, ils auront nécessité une vraie transformation culturelle de l’entreprise.
Gaëtanne a 42 ans, elle est avide de comprendre le monde et comment il fonctionne. Passionnée d’équitation, son cheval lui procure le recentrage nécessaire face à tous ses questionnements sans fin. Après différentes expériences professionnelle en entreprise et entrepreneuriale, elle a eu l’audace de créer son propre poste au sein d’une grande organisation. Remettre l’homme au sein de l’organisation est une promesse qui prend tout sons sens lorsque c’est Gaëtanne qui s’en empare.
Qui es-tu Gaëtanne ?
Je suis une grande voyageuse. Je voyage dans les livres, dans ma tête, et depuis 5 ans je réalise le rêve de voyager en vrai. Lorsque je voyage, je pars à la découverte d’un pays au travers de ses habitants et leurs moeurs : la danse, le rapport au corps, le costume, agissent comme un révélateur de personnalité. Ce sont aussi des média qui permettent le lâcher-prise, car ils nous libèrent de toutes nos peaux socialement codifiées. Ainsi mis à nus, nous pouvons pleinement nous ouvrir au partager. En ce moment de crise sanitaire, je ne peux plus voyager. Cela me manque. J’ai besoin d’être de nouveau en relation avec les habitants du monde.
J’ai voyagé 17 fois en Inde. J’ai été très touchée par ce peuple porté le don de soi, l’entraide, l’instant présent. De nature emphatique, je me sens plus à ma place là-bas qu’en France. Mais l’Afrique m’a encore plus marquée. C’est un continent où les cultures sont extrêmement différentes de nos cultures occidentales et les expérimenter me passionne et questionne.
Je suis quelqu’un qui a besoin de comprendre les choses en général et l’humain en particulier. L’être humain me fascine par son évolution, son adaptation. Je suis passionnée par le rapport à soi, par la manière dont chacun exprime son intériorité quand on lâche prise.
J’ai besoin de me nourrir de l’autre pour comprendre. Je suis dans l’acceptation de moi, je me suis déconnectée de mon rôle social, de cette case dans laquelle la société veut nous faire rentrer à tout prix. Si chacun d’entre nous réussissait à s’accepter et se reconnaître, on réussirait tous ensemble à faire des choses encore plus belles. Quand on s’échine à être ce que l’on n’est pas, c’est là que les dysfonctionnements surgissent.
D’où te vient ce questionnement ?
C’est le résultat de l’exploration de ma personnalité et de mes expériences professionnelles.
Je me suis toujours sentie en décalage. Aujourd’hui, je sais que je suis une personne à haut potentiel, mais lorsque j’étais enfant, je l’ignorais et j’en ai souffert. Je ne faisais pas partie des filles populaires à l’école ! D’une timidité exacerbée, je me suis réfugiée dans les livres, je pensais, je rêvais. Je faisais exprès de ne pas avoir de trop bonnes notes. A 17 ans j’ai créé une entreprise, et plutôt que d’en être fière, je l’ai caché à tout le monde.
Dans mon contexte professionnel, j’ai toujours été à 1000%, à avoir constamment envie d’évoluer. J’ai suscité jalousie et incompréhension, des sentiments exacerbés allant de la haine à l’adoration.
Je sais maintenant qui je suis et je chemine vers l’acceptation de ce haut potentiel. Savoir cela est chamboulant et fait revisiter sa vie. Je vais mieux maintenant que je comprends pourquoi ma posture dérangeait et continue de déranger. Je sais gérer.
Pendant mon parcours professionnel, j’ai travaillé et côtoyé un grand nombre d’associations. Je me suis passionnée pour ces femmes et ces hommes hors normes qui y agissent et veulent sauver le monde. Je me suis émerveillée de ce qu’ils étaient capables de faire avec si peu de moyens et des liens indéfectibles qu’ils savaient tisser.
J’ai commencé à m’intéresser à la sociologie et aux relations humaines, et en tirant le fil, j’ai compris l’importance du respect du vivant. Dans le cadre de mon travail, j’ai vécu des transformations qui ne respectaient pas toujours le vivant. En tant qu’économiste, et je me suis demandé comment les outils de la finance pouvaient aider à réguler ces mutations, créer de la valeur, répondre à des besoins réels et ainsi avoir une vraie utilité au monde.
J’ai alors voulu relier les mondes économique et associatif, en faisant bénéficier chaque monde du meilleur de l’autre et ainsi démontrer qu’il est possible d’allier performance économique et engagement social grâce à la coopération et l’inclusion.
Quel est ton parcours ?
Je viens du monde de la finance et de l’assurance, j’y ai passé une vingtaine d’années. Au sein d’un cabinet de conseil en finances, organisation et stratégie, j’ai eu l’opportunité d’accompagner le monde associatif dans la recherche de financement et le mécénat de compétences. Ce fut une expérience fondatrice qui m’a fait prendre conscience de ma passion pour l’humain, et que la création de valeur passe par l’utilité au monde. J’ai proposé à Décathlon de réfléchir ensemble à sa création de valeur sociétale. C’est ainsi que depuis 4 ans, je co-anime G’IMPACTE.
Rdv le 4 février pour lire la suite !
Crédit photo : David Busine
