Maria Pi : parler pour défendre

Sophie Mayeux – décembre 2012

Maria est d’origine espagnole. Elle a grandi dans un petit village de Catalogne, près de Barcelone. Ses parents l’ont élevée dans les contre-valeurs républicaines de l’époque franquiste, « Dans le camp des perdants », précise-t-elle. A la maison il ne fallait pas parler de peur des dénonciations. Sa mère qui s’occupait de la famille avait coutume de dire, « Ce serait différent si je travaillais. » Maria s’est jurée que lorsqu’elle serait grande, elle parlerait et elle travaillerait.

Maria est venue au syndicalisme, car elle a toujours voulu défendre les personnes dont on se préoccupe peu voire pas du tout. L’action syndicale est un vrai épanouissement pour elle. Elle y rencontre des personnes désintéressées qui lui ouvrent les yeux sur beaucoup de causes, dont celle des femmes. « Avant, là où je travaillais, il n’y avait que des femmes. Aujourd’hui il c’est mixte. Je vois la situation de la femme se dégrader peu à peu, son emploi se précariser. Je défends les filles avec lesquelles je travaille simplement pour leur donner la parole et pour qu’elles soient respectées. » Alors Maria continue de se battre car le travail est dur. Il faut respecter les horaires, les cadences, les objectifs de productivité. Selon elle, il ne faudrait pas grand chose pour que les gens soient contents de venir au travail le matin : seulement un peu de considération et de reconnaissance.

Maria s’occupe des autres sans ménager sa peine. Elle s’engage, milite. Elle se bat avec le Mouvement pour la Libération de la Femme afin que le 8 mars soit une « journée chômée payée ». Dans les années 90, elle se bat pour la réouverture du planning familial de Lille alors en manque de subventions. Elle n’hésite pas à suivre une formation pour y devenir conseillère. Elle constate que beaucoup de femmes s’effacent totalement devant la famille et le quotidien. Aujourd’hui, elle est engagée dans l’Association France Palestine Solidarité, ainsi que dans l’Association Française de Soutien aux Réfugiés du Liban. Cette dernière lui tient particulièrement à coeur, car elle oeuvre en relation avec l’association NAJEDH qui rassemble des femmes palestiniennes isolées au Liban. Pour survivre, celles-ci réalisent des objets artisanaux que Maria s’occupe de faire connaître.

Depuis la fin des années 70, Maria milite et tient ses engagements sans faillir. Infatigable, elle suit son chemin avec détermination et force. Inconditionnellement tournée vers les autres, elle ne s’efface pas pour autant. « S’occuper des autres, c’est s’occuper de soi, et pour bien s’occuper des autres, il faut bien s’occuper de soi. »

Est-ce compliqué aujourd’hui d’être une femme ?

« Beaucoup d’avancées ont été réalisées depuis 40 ans, mais on revient en arrière. La faute à la crise : les emplois des femmes sont menacés, on aimerait bien les faire rentrer à la maison. Le travail de la femme n’est pas un salaire d’appoint, c’est aussi le gage de sa reconnaissance et de son autonomie. Mais la situation des femmes se dégrade aussi à cause d’elles-mêmes. Elles se positionnent parfois en victimes, acceptent des choses qu’elles ne devraient pas admettre, elles s’opposent trop aux hommes. »

Mèneriez-vous votre action de la même manière si vous étiez un homme ?

« Je suis plus attachée à la personnalité qu’au sexe. Ce sont les qualités, les compétences qui font une personne, pas le fait que ce soit un homme ou une femme. »

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